Deux femmes font cuire la soupe dans une marmite, tandis qu'une dizaine d'hommes, pour certains kalachnikov à leurs côtés, sont assis autour d'une table sous une tente à Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes dans l'est de l'Ukraine.
"Ce sont les gens d'ici qui nous apportent à manger", explique un insurgé de faction à un barrage dans cette ville de plus de 100.000 habitants assiégée par les troupes ukrainiennes.
Tenue de camouflage et casquette sur laquelle on peut voir un petit drapeau russe, Sergueï, la trentaine, vient de Donetsk, à une centaine de kilomètres de Slaviansk, où il est "arrivé il y a dix jours".
"Les gens qui sont ici avec moi viennent de toutes les régions, de Kramatorsk (à 15 kilomètres), de Crimée, il y a même un gars de Sébastopol", base de la flotte russe de la mer Noire. Et "nous sommes tous des volontaires".
Sur la chaussée, un de ces compagnons, encagoulé, matraque à la main, règle la circulation entre les sacs de sable et les pneus empilés censés arrêter, ou au moins ralentir, dans leur progression les militaires ukrainiens qui assiègent désormais Slaviansk.
- "pas de poivrots ici " -
Soudain, un homme passablement éméché s'approche de ce poste de contrôle improvisé, mais se fait aussitôt vertement tancer. "Va-t'en, nous ne voulons pas de poivrots ici ! Après, ils (les médias ukrainiens et occidentaux) vont dire que l'on passe notre temps à boire", lui lance un de ces militants pro-russes, à la forte carrure.
"Nous n'avons pas une seule bouteille de bière ici", affirme-t-il au journaliste de l'AFP.
De l'ouvrier au gérant de magasin, de l'adolescent au retraité, tous ces membres de groupes d'"autodéfense" se disent investis d'une mission, celle d'"aider la police", il est vrai très peu visible dans les rues, à assurer la sécurité dans leur cité.
Et même s'ils ne sont aucunement habilités légalement à le faire, ils se révèlent des auxiliaires zélés des forces de l'ordre, quitte à parfois créer d'impressionnants bouchons sur les nombreuses artères qu'ils surveillent.
Ainsi, sur un pont situé un peu plus loin, à l'entrée sud-ouest de Slaviansk, un camion est immobilisé pour être inspecté par deux insurgés : ceux-ci vérifient si les papiers du véhicule sont en règle, puis soulèvent avec difficulté la bâche à l'arrière, pour constater la présence à l'intérieur de cartons entourés de plastique.
"Quand c'est scellé comme ça, on n'a pas le droit de les ouvrir", souligne Dmitri, un grand gaillard en treillis. "Si on a un doute, on appelle les policiers", précise Oleg, qui dit être "présent toute la journée" à ce barrage.
Tandis qu'un de leurs camarades s'est allongé sur un matelas posé à même le sol, sur le bas-côté, un de leurs "chefs" se met brusquement à courir vers une voiture pour aussitôt s'y engouffrer, hurlant au téléphone: "arrêtez-le, j'arrive!".
Car outre la gestion du trafic automobile, qui occupe l'essentiel de leur temps, ces "volontaires" se sont arrogé le droit d'interpeller les "suspects", à savoir notamment les Ukrainiens loyalistes, voire les journalistes occidentaux et les observateurs internationaux.
Ce qu'ils détestent par dessus tout? Que l'on prétende qu'ils sont "payés", "comme les mercenaires d'en face", comprendre les soldats qui les encerclent presque totalement. Ou, pire, qu'on les qualifie de "séparatistes", bien qu'ils n'hésitent pas à hisser les couleurs russes et, pour certains, à faire part de leur souhait d'être rattachés à la Russie...
Profitant à plein de ces éphémères moments de gloire, en prenant par exemple la pose devant les photographes, ils ne sont en tout cas pas pressés de réintégrer leur foyer, malgré les tirs dont ils commencent à être quasi quotidiennement la cible à la périphérie de Slaviansk.
"Nous resterons jusqu'au bout", jure ainsi Dmitri, qui "défend" depuis deux semaines sa ville.
https://fr.news.yahoo.com/ukraine-vie-quotidienne-rebelles-montant-garde-%C3%A0-slaviansk-094709499.html
Tidak ada komentar:
Posting Komentar