Le Liberia, débordé par la rapidité de la propagation du virus Ebola, attendait jeudi l'arrivée du coordinateur de l'ONU contre l'épidémie, en tournée dans les quatre pays africains touchés.
Dans un nouveau témoignage de scepticisme face aux chances d'endiguer la maladie, l'Afrique du Sud a annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs en provenance de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone, et une surveillance médicale pour ses citoyens qui en reviendraient.
Le coordinateur de l'ONU, le Dr David Nabarro, arrivé à Dakar jeudi, était attendu dans la soirée à Monrovia, la capitale du Liberia, avant Freetown, Conakry et Abuja dans les prochains jours.
Au Liberia, où le couvre-feu est en vigueur depuis mercredi soir et deux quartiers à la périphérie de Monrovia ont été mis en quarantaine, la Croix-Rouge a jugé nécessaire, "face à une calamité de cette ampleur", de confier la coordination de la lutte à une organisation internationale, plutôt qu'aux autorités nationales.
La faible capacité de l'unique crématorium du pays, qui appartient à la communauté indienne suivant les rites funéraires hindouistes, est largement dépassée par les dizaines de corps collectés quotidiennement, dont bon nombre plusieurs jours après la mort, a souligné le secrétaire général de la Croix-Rouge libérienne Fayah Tamba.
"Samedi, nous avons pu collecter jusqu'à 41 corps. Dimanche, nous en avons collecté 37. Le crématorium n'avait pas la capacité d'incinérer tous les corps, donc nous avons dû en ramener" à l'hôpital, a-t-il expliqué, précisant qu'il avait fallu revenir les incinérer le lendemain avant de poursuivre la collecte.
Un soupçon d'espoir est néanmoins apparu avec "l'amélioration significative", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l'état d'un médecin et d'une infirmière, deux des trois praticiens libériens soignés avec un sérum expérimental américain, le ZMapp.
Le troisième, un autre médecin, va mieux, mais reste dans un état grave, indique l'OMS.
Aux Etats-Unis, les deux premières personnes à avoir bénéficié du ZMapp, un médecin et une missionnaire de l'organisation caritative américaine Samaritan's Purse, sont sortis guéris de l'hôpital, où ils avaient été admis après leur rapatriement sanitaire.
Le médecin, le Dr Kent Brantly, 33 ans, qui, avec Nancy Writebol, 60 ans, a été contaminé au Liberia en soignant des malades d'Ebola, a attribué sa guérison à sa foi ainsi qu'aux prières de milliers, voire de millions de personnes.
- 'Cinq parents emportés par Ebola' -
En Sierra Leone voisine, où comme au Liberia "la transmission reste élevée", selon l'OMS, ont retenti dès les premières heures les appels des muezzins des mosquées et les cloches des églises pour une journée de prière et de jeûne contre Ebola.
"Chrétiens comme musulmans implorent la miséricorde divine et son pardon pour tous les péchés", a déclaré la révérende Christiana Sutton-Koroma, voyant "un bon signe" dans le nombre croissant de survivants.
Un fidèle musulman, Sallymatu Conteh, a confié avoir perdu "cinq parents emportés par Ebola en trois semaines à Kenema", dans l'est du pays, aux confins du Liberia et de la Guinée, épicentre de l'épidémie.
Le ministre des Affaires sociales, Mouijeh Kaikai, a par ailleurs confirmé la décision des autorités saoudiennes de n'accorder aucun visa aux 1.000 pèlerins sierra-léonais inscrits pour le hajj à la Mecque en raison de l'épidémie.
En Guinée, où la maladie s'est déclarée au début de l'année, une centaine de médecins (civils et militaires) et de volontaires se déployaient sur 41 postes d'entrée et de contrôle aux frontières avec le Liberia et la Sierra Leone, en vertu de l'état d'urgence sanitaire décrété le 13 août.
"II faut que toute personne, guinéenne ou étrangère, vivant en dehors de nos frontières et désirant rentrer dans notre pays soit examinée avec la plus grande rigueur", a affirmé le ministre de la Santé, Rémy Lamah.
"Vous êtes les soldats de la santé, les soldats de la sécurité sanitaire de la Guinée", leur a-t-il lancé mercredi soir avant leur départ.
Au même moment, devant les représentants des agences de l'ONU et des compagnies aériennes, le président guinéen Alpha Condé a reproché aux médias de "ne pas faire la différence entre les pays touchés". "Nous, on a pratiquement vaincu cette épidémie", a-t-il assuré.
Ebola a fait au moins 1.350 morts, dont 576 au Liberia, 396 en Guinée et 374 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 18 août.
https://fr.news.yahoo.com/ebola-coordinateur-lonu-arrive-pays-d%C3%A9bord%C3%A9s-l%C3%A9pid%C3%A9mie-163018562.html
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