Elle rentre juste d'Israël et vient de visiter le musée de la Shoah: c'est "sous le choc" que Colette Gradom, une Belge de 66 ans, s'est recueillie devant le Musée Juif de Bruxelles, où un inconnu a tué samedi trois personnes et blessé grièvement une quatrième.
Devant la porte, placées sous scellés, des gerbes de fleurs et quelques bougies, en hommage au couple israélien et à la Française tués et au blessé grave, le jeune réceptionniste belge. La rue paisible du quartier, dans le centre touristique de Bruxelles n'est pas barrée, seul un car de police est visible.
Se faufilant parmi les nombreux journalistes, quelques personnes déposent un bouquet. Un rabbin vêtu de noir enchaîne les interviews télévisées.
"Il faut absolument que l'auteur soit arrêté, que l'on sache à quoi s'en tenir", relève Mme Gradom, alors que les autorités affirment dans l'immédiat ne privilégier aucune piste, en l'absence de tout élément pour identifier l'auteur.
Mais pour cette membre de la communauté juive de Belgique, qui compte environ 40.000 personnes, l'attaque est de toute manière un "passage à l'acte qui confirme la montée de l'antisémitisme en Europe".
"A la veille des élections européennes, ce n'est pas anodin", s'inquiète-t-elle, sans pourtant vouloir désigner trop vite d'éventuels responsables, "peut-être l'extrême droite, peut-être même des extrémistes islamistes".
Le rabbin Menahem Margolin laisse au contraire libre cours à sa colère : "Une telle attaque était prévisible au vu du niveau d'antisémitisme" en Europe, accuse-t-il.
"Il faut que les gouvernements européens prennent des mesures, les paroles ne suffisent plus", lance-t-il, alors que le Premier ministre belge, Elio Di Rupo devait recevoir en début de soirée le Président du Congrès juif européen à Bruxelles.
Selon ce religieux, les organisations juives de Belgique sont aussi en train de se coordonner, notamment pour renforcer les mesures de sécurité. Les autorités belges ont porté à leur maximum dès samedi les mesures de sécurité aux alentours des lieux fréquentés par la communauté juive.
Ces mesures resteront en vigueur "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué dimanche la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, selon qui "la communauté, de son côté, a exprimé sa volonté "de poursuivre ses activités"".
"Les écoles, les synagogues, les centres culturels? continueront à fonctionner mais dans un contexte de sécurité renforcée, avec une présence policière permanente", a précisé Mme Milquet.
- Ne pas se laisser intimider -
Dimanche matin, un couple s'arrête devant le musée : "Je suis catholique, mon ami est musulman, nous sommes venus pour montrer que les communautés doivent se soutenir", dit la jeune femme.
Le directeur du musée, Philippe Blondin, est venu aussi : "Nous sommes dans une situation horrible et stupide, je ne peux que m'incliner", affirme-t-il, tout en faisant part de sa volonté de rouvrir le musée dès mardi. La grande façade blanche du musée affiche toujours sur de vastes panneaux des photos des expositions, qui retracent l'histoire du judaïsme en Belgique.
"Il n'y a vraiment pas grand monde, et dire qu'en France une manifestation de soutien a déjà été annoncée devant l'ambassade de Belgique à Paris", se plaint un sexagénaire venu se recueillir.
Mais la réponse s'organise aussi sur place: un collectif d'associations, le Centre d'action laïque, a appelé à un rassemblement "humaniste, pacifique et silencieux" en fin d'après-midi devant le Palais de justice, à quelques centaines de mètres du musée.
Le Centre communautaire laïc juif (CCLJ) a lui invité "Juifs et non-Juifs" à venir veiller avec des bougies devant le musée, en début de soirée, "pour montrer que nous ne nous laisserons pas intimider par les antisémites".
https://fr.news.yahoo.com/choc-%C3%A9motion-devant-mus%C3%A9e-juif-bruxelles-135419788.html
Tidak ada komentar:
Posting Komentar